Le mûrier indien (Morinda citrifolia), également appelé noni, est une plante originaire d’Asie du Sud et de Polynésie. Les populations locales le considèrent comme une plante médicinale traditionnelle importante (1, 2). Cette plante produit des fruits vert-blanc au parfum rappelant celui du fromage. Ces fruits peuvent être consommés frais ou transformés en divers produits, tels que des jus, des confitures, des fruits séchés et des extraits utilisés pour des compléments alimentaires.
Les feuilles et les racines du mûrier indien sont, elles aussi, utilisées dans la médecine traditionnelle et dans les compléments alimentaires (1, 3). On peut en consommer par voie orale sous forme de jus (extrait des fruits), de thé (préparé avec les feuilles) ou de complément en poudre ou en capsules. Dans certains cas, il peut être utilisé sous forme de crème appliquée directement sur la peau.
Le mûrier indien est apprécié pour sa richesse en antioxydants et ses effets potentiellement anti-inflammatoires (1, 3). Il est parfois utilisé dans le traitement du diabète, de l’hypertension, des inflammations (notamment osseuses) et de la douleur (1, 3-5).
Des études menées sur des cellules et des animaux suggèrent que les compléments alimentaires à base de mûrier indien pourraient avoir des effets protecteurs sur le traitement du cancer et les effets secondaires des traitements anticancéreux (6-8).
Cependant, il reste un long chemin avant de pouvoir transposer ces résultats à la pratique clinique. Des études rigoureusement conçues chez les patients sont nécessaires pour tirer des conclusions fiables. À ce jour, seules quelques études ont été réalisées en ce sens (6, 9, 10).
Une petite étude a examiné l’effet des suppléments de mûrier indien sur la régression tumorale (ralentissement de la croissance de la tumeur). Cette étude n’a pas montré de régression tumorale après une consommation quotidienne de ces suppléments (9).
Une autre petite étude menée auprès de six hommes présentant un risque de cancer de la prostate n’a révélé aucune différence dans les niveaux de PSA après un an de consommation de compléments de mûrier indien (11).
Comme ces études étaient de petite taille, de faible qualité, et ne disposaient pas de groupe témoin pour comparaison, des recherches supplémentaires sont nécessaires avant de pouvoir tirer des conclusions fiables.
À ce jour, il n’existe donc aucune preuve que le mûrier indien puisse aider à guérir le cancer.
La même étude a également examiné si le mûrier indien pouvait avoir un effet apaisant sur les effets secondaires des radiothérapies ou chimiothérapies, tels que la fatigue ou la douleur.
À ce jour, il n’existe donc pas suffisamment de preuves pour affirmer que le mûrier indien aide à atténuer les effets secondaires des traitements anticancéreux.
Une étude menée auprès de gros fumeurs a examiné si la consommation de jus de noni pouvait prévenir le cancer du poumon. Les résultats de l’étude ont suggéré un effet protecteur (10, 12). Cependant, des recherches supplémentaires sont nécessaires avant de pouvoir tirer des conclusions fiables.
À ce jour, il n’existe pas suffisamment de preuves pour affirmer que le mûrier indien aide à prévenir le cancer.
Le mûrier indien est généralement reconnu comme sûr.
Les effets secondaires sont rares. Dans plusieurs petites études, aucune réaction indésirable n’a été constatée lors de la consommation de 750 ml de jus de noni par jour ou de compléments alimentaires contenant jusqu’à 12 g de mûrier indien par jour (9, 13).
Toutefois, dans certains cas spécifiques, il est conseillé de faire preuve de prudence avec la consommation de mûrier indien ou de ses compléments (2) :
En raison de ses propriétés antioxydantes, le mûrier indien pourrait théoriquement réduire les effets néfastes des traitements ayant une action oxydative. Ces traitements incluent la radiothérapie, le cyclophosphamide, la dacarbazine, les analogues du platine, les anthracyclines ainsi que les antibiotiques antitumoraux tels que la bléomycine et la mitomycine.
Cependant, il reste un écart entre cette théorie et une application concrète en pratique clinique. À ce jour, il n’existe aucune preuve que cela soit cliniquement pertinent.
En raison de sa forte teneur en potassium, le mûrier indien pourrait interagir avec des médicaments agissant sur le potassium, tels que les diurétiques et les traitements ciblant les reins (14).
De plus, en raison de ses effets potentiellement hypotenseurs, le mûrier indien pourrait théoriquement influencer l’efficacité des médicaments agissant sur la pression artérielle (2).
Faites preuve de prudence lors de son utilisation et informez toujours votre médecin en cas de consommation combinée avec d’autres médicaments