Trèfle rouge

Trèfle rouge

Qu’est-ce que le trèfle rouge ?

Le trèfle rouge (Trifolium pratense) est une plante riche en coumarines et en isoflavones (1).

  • Les coumarines inhibent l’action de la vitamine K. Elles sont utilisées en médecine pour réduire la capacité de coagulation du sang.
  • Les isoflavones, également appelées phytoœstrogènes ou œstrogènes végétaux, possèdent une action similaire à celle des hormones œstrogènes féminines (2).

Depuis des siècles, le trèfle rouge sert de fourrage pour les animaux. Il n’est pas intégré à l’alimentation humaine courante mais est disponible sous forme de compléments alimentaires. Il se présente en capsules, comprimés, liquides concentrés ou crèmes (3). 

Utilisation du trèfle rouge comme complément alimentaire

  • Grâce à leur action comparable à celle des œstrogènes féminins, les phytoœstrogènes contenus dans le trèfle rouge sont parfois utilisés sous forme de compléments alimentaires pour soulager les symptômes de la ménopause, notamment les bouffées de chaleur.
  • Ces compléments peuvent aussi être employés pour prévenir ou traiter l’ostéoporose et les maladies cardiovasculaires (1, 4-6).

Il existe de grandes différences entre les études, ainsi qu’entre les résultats qu’elles mesurent. Il est donc difficile de tirer des conclusions scientifiques claires.

 

Utilisation du trèfle rouge dans le traitement du cancer

Les recherches sur l’utilisation du trèfle rouge dans le cadre du cancer (et de ses traitements) sont principalement réalisées sur des animaux ou des cultures de cellules en laboratoire. Elles visent à étudier la capacité du trèfle rouge à atténuer les symptômes hormonaux liés à des cancers hormono-sensibles, comme les bouffées de chaleur induites par les traitements chez les femmes préménopausées.

Traitement du cancer

Une petite étude menée sur 36 hommes atteints d’un cancer de la prostate a examiné si la prise de suppléments à base de trèfle rouge, pendant les quelques semaines précédent une intervention chirurgicale, avait un effet sur l’apoptose (mort cellulaire) des cellules cancéreuses de la prostate.

  • Les résultats n’ont montré aucun impact sur l’antigène spécifique de la prostate (PSA, un marqueur pouvant augmenter en cas de cancer de la prostate) ni sur les niveaux de testostérone. Elles ont toutefois révélé une légère augmentation de l’apoptose (mort cellulaire) des cellules cancéreuses de la prostate (7).
  • Toutefois, cette étude est de faible qualité méthodologique. Avant de pouvoir tirer des conclusions fiables, il est nécessaire de réaliser des recherches supplémentaires mieux conçues, menées sur des échantillons plus larges et qui intègrent des données de survie.

À ce jour, il n’existe aucune preuve chez l’humain que les compléments à base de trèfle rouge soient utiles dans le traitement du cancer.

Atténuer les effets secondaires des traitements contre le cancer

Une petite étude menée auprès de 38 personnes atteintes d’un cancer du sein a examiné si le trèfle rouge pouvait atténuer certains effets secondaires des traitements contre le cancer (tels que la radiothérapie ou la chimiothérapie), notamment les bouffées de chaleur.

  • Les résultats ont montré une diminution des sueurs nocturnes, mais aucun effet sur les bouffées de chaleur ni sur la qualité de vie (8).
  • Cette étude observationnelle, réalisée sur un petit échantillon, ne permet pas d’établir de lien de cause à effet.

Ces études doivent être confirmées par des recherches de plus grande envergure et méthodologiquement robustes avant que l’on puisse en tirer des conclusions définitives.

Prévention du cancer

Les recherches scientifiques qui concernent l’effet du trèfle rouge dans la prévention du cancer repose principalement sur des études observationnelles. Celles-ci ne permettent pas d’établir de lien de causalité.

  • En ce qui concerne le cancer colorectal, une étude de faible qualité n’a pas pu mettre en évidence de lien entre la consommation de trèfle rouge et une diminution du taux d’IGF1 (9).
    • L’IGF1 est un facteur de croissance similaire à l’insuline. Un taux élevé d’IGF1 est associé à un risque accru de développement de certains cancers.
    • Le trèfle rouge ne semble pas non plus jouer de rôle dans la prévention du cancer du sein (10).

Ces études doivent être confirmées par des recherches de plus grande envergure et méthodologiquement rigoureuses avant que l’on puisse en tirer des conclusions fiables.

Effets secondaires et sécurité

Le trèfle rouge est généralement considéré comme sûr.

Effets secondaires

De manière générale, les compléments de trèfle rouge entraînent peu d’effets secondaires. La dose journalière considérée comme sans risque est estimée entre 40 et 80 mg (3).

Les effets indésirables possibles sont :

  • des maux de tête,
  • des douleurs musculaires,
  • des nausées,
  • une sensibilité des seins ou des glandes,
  • des étourdissements,
  • des éruptions cutanées.

Interactions avec les traitements contre le cancer

  • Étant donné que les compléments alimentaires à base de trèfle rouge peuvent contenir de fortes concentrations d’isoflavones et que les études disponibles sont insuffisantes, par précaution, leur utilisation est déconseillée en cas de cancers hormono-sensibles. Cela s’explique par leurs propriétés similaires à celles des œstrogènes, qui pourraient potentiellement stimuler les cellules cancéreuses (11).
  • Des études sur les animaux ont révélé de possibles interactions négatives entre les isoflavones et le tamoxifène. Cependant, passer du laboratoire au monde réel est une étape décisive qui n’a pas encore été franchie. Actuellement, il n’y a pas de preuves suffisantes que ces interactions sont cliniquement pertinentes (11-13).

Autres interactions

  • Les coumarines présentes dans les compléments à base de trèfle rouge peuvent avoir un effet anticoagulant. Par conséquent, il est déconseillé d’utiliser ces compléments si vous souffrez de troubles de la coagulation ou si vous prenez des anticoagulants.
  • Leur utilisation est également déconseillée pendant la grossesse ou l’allaitement.

Bases de données consultées :

  1. Complementary and Alternative Medicine for Cancer (CAM Cancer), Noorwegen. www.cam-cancer.org. CAM Cancer is niet verantwoordelijk voor de vertaling van hun informatie.
  2. Memorial Sloan-Kettering Cancer Center (MSKCC), Verenigde Staten. www.mskcc.org/cancer-care/diagnosis-treatment/symptom-management/integrative-medicine/herbs/search

 

Articles de référence

  1. Mohsen A, Fatemeh K, Leila N, Mona P, Mohammad Z, Mozafar K. Pharmacological and therapeutic properties of the Red Clover (Trifolium pratense L.): an overview of the new finding. J Tradit Chin Med. 2021;41(4):642-9.
  2. Ososki AL, Kennelly EJ. Phytoestrogens: a review of the present state of research. Phytother Res. 2003;17(8):845-69.
  3. Natural Medicine Comprehensive Database: Red Clover.
  4. Ghazanfarpour M, Sadeghi R, Roudsari RL, Khorsand I, Khadivzadeh T, Muoio B. Red clover for treatment of hot flashes and menopausal symptoms: A systematic review and meta-analysis. J Obstet Gynaecol. 2016;36(3):301-11.
  5. Oh MR, Park JH, Park SK, Park SH. Efficacy of plant-derived dietary supplements in improving overall menopausal symptoms in women: An updated systematic review and meta-analysis. Phytother Res. 2024;38(3):1294-309.
  6. Lethaby AE, Brown J, Marjoribanks J, Kronenberg F, Roberts H, Eden J. Phytoestrogens for vasomotor menopausal symptoms. Cochrane Database Syst Rev. 2007(4):Cd001395.
  7. Jarred RA, Keikha M, Dowling C, McPherson SJ, Clare AM, Husband AJ, et al. Induction of apoptosis in low to moderate-grade human prostate carcinoma by red clover-derived dietary isoflavones. Cancer Epidemiol Biomarkers Prev. 2002;11(12):1689-96.
  8. Ma H, Sullivan-Halley J, Smith AW, Neuhouser ML, Alfano CM, Meeske K, et al. Estrogenic botanical supplements, health-related quality of life, fatigue, and hormone-related symptoms in breast cancer survivors: a HEAL study report. BMC Complement Altern Med. 2011;11:109.
  9. Vrieling A, Rookus MA, Kampman E, Bonfrer JM, Korse CM, van Doorn J, et al. Isolated isoflavones do not affect the circulating insulin-like growth factor system in men at increased colorectal cancer risk. J Nutr. 2007;137(2):379-83.
  10. Fritz H, Seely D, Flower G, Skidmore B, Fernandes R, Vadeboncoeur S, et al. Soy, red clover, and isoflavones and breast cancer: a systematic review. PLoS One. 2013;8(11):e81968.
  11. Booth NL, Overk CR, Yao P, Burdette JE, Nikolic D, Chen SN, et al. The chemical and biologic profile of a red clover (Trifolium pratense L.) phase II clinical extract. J Altern Complement Med. 2006;12(2):133-9.
  12. Ju YH, Doerge DR, Allred KF, Allred CD, Helferich WG. Dietary genistein negates the inhibitory effect of tamoxifen on growth of estrogen-dependent human breast cancer (MCF-7) cells implanted in athymic mice. Cancer Res. 2002;62(9):2474-7.
  13. Liu B, Edgerton S, Yang X, Kim A, Ordonez-Ercan D, Mason T, et al. Low-dose dietary phytoestrogen abrogates tamoxifen-associated mammary tumor prevention. Cancer Res. 2005;65(3):879-86.