Cannabis

Cannabis

Qu’est-ce que le cannabis ?

Le cannabis sativa est une plante originaire d’Asie de l’Est. Il est aujourd’hui cultivé dans le monde entier. Depuis de milliers d’années, le cannabis est utilisé dans différentes cultures comme source de fibres (aujourd’hui par l’industrie), d’huile et comme substance récréative.

La plante de cannabis contient plus de 500 substances chimiques. Une petite centaine de ces substances se trouvent exclusivement dans la plante de cannabis. Elles sont appelées cannabinoïdes. Le cannabis est principalement ingéré par voie orale via des cigarettes, des cigares et des pipes à eau (chicha) sous forme de marijuana (partie supérieure de la plante) ou de hasch (extrait résineux). Les teintures, les thés, les pommades et les extraits d’huile de cannabis qui peuvent être mélangés aux aliments sont également populaires (1). Les composés actifs les plus connus du cannabis sont le CBD (cannabidiol) et le THC (tétrahydrocannabinol).

Utilisation du cannabis comme complément alimentaire

L’utilisation du cannabis à des fins médicinales remonte à au moins 3 000 ans (2). Le cannabis était traditionnellement utilisé comme :

    • analgésique (antidouleur)
    • soporifique (somnifère)
    • intoxicant
    • sédatif (tranquillisant)
    • anti-inflammatoire

Il existe sur le marché un certain nombre de produits contenant des dérivés du cannabis, tels que l’huile de cannabis.

    • L’huile de cannabis est obtenue par extraction du cannabis à l’aide de solvants organiques tels que l’alcool éthylique et l’éther de pétrole
    • Elle est parfois fabriquée à domicile, ce qui signifie qu’il n’y a que peu ou pas de contrôle sur le contenu du produit
    • Les bienfaits de l’huile de CBD sont vantés pour soulager toutes sortes d’affections, mais peu de ces effets sont prouvés scientifiquement
    • Vous pouvez l’obtenir librement si elle ne contient pas de THC, mais sa composition est très variable

En Belgique, un médicament, le Sativex®, est approuvé pour le traitement de la spasticité (activation involontaire des muscles) causée par la sclérose en plaques (3). Il est remboursé si un neurologue le prescrit pour cette pathologie. Il s’agit d’un spray à base de cannabinoïdes (THC et CBD à parts égales).

Les 3 principaux cannabinoïdes sont :

    • Le THC (delta-9-tétrahydrocannabinol) : il s’agit de la substance active la plus psychoactive. Elle peut induire des hallucinations ou une sensation d’euphorie
    • Le CBD (cannabidiol) : il ne produit pas de sensation d’euphorie. Il peut avoir un effet apaisant jusqu’à provoquer une léthargie (sensation d’être stone ou défoncé). Il atténue les effets du THC
    • Le CBN (cannabinol) : issu du THC, il se trouve principalement dans les plantes anciennes ou mal conservées. Il s’agit d’une substance légèrement psychoactive, principalement sédative (2, 3)

Les cannabinoïdes issus de la plante de cannabis imitent l’action de substances naturellement présentes dans notre corps : les « endocannabinoïdes ».

    • Tant les endocannabinoïdes naturellement présents dans le corps que le cannabis administré par voie externe influencent la communication nerveuse (4, 5). Ils peuvent donc avoir un effet sur les sensations de douleur, de faim et induire une sensation d’euphorie.
    • Après inhalation, le THC se retrouve dans le sang et dans le cerveau en quelques secondes (6). Par la bouche, l’absorption du THC est plus lente (7).
    • En Belgique, tous les produits contenant du THC relèvent de la législation sur les stupéfiants et sont illégaux. Le Sativex® est une exception.
    • En cas d’utilisation du cannabis à des fins médicales, il est préférable d’administrer le cannabis par voie orale, sous forme de gouttes ou de spray. Fumer du cannabis a des effets néfastes sur les poumons.

Utilisation du cannabis dans le traitement du cancer

Les dérivés du cannabis sont principalement utilisés pendant les traitements anticancéreux pour combattre les symptômes et les effets secondaires (8) (59).

Traitement du cancer

Les effets du cannabis sur le cancer ont fait l’objet de très peu de recherches chez l’humain.

    • Il n’y a pas de recherche clinique approfondie soutenant l’effet du cannabis sur le cancer
    • De temps à autre, une étude constate un certain effet, mais celui-ci n’a jamais été confirmé par des études contrôlées
        • Par exemple, les recherches sur l’effet du cannabis sur les cellules de gliome (9) n’ont pas pu être confirmées par d’autres études (10)
        • Il en va de même pour la leucémie aiguë (11) et d’autres tumeurs (12)

Traiter la douleur et les troubles du sommeil en cas de cancer

Un certain nombre d’études ont examiné l’effet du cannabis sur la perception de la douleur, mais les résultats sont contradictoires. 

    • Certaines déconseillent l’utilisation du cannabis médicinal dans les cas de douleurs liées au cancer (13, 14)
    • D’autres études montrent qu’un groupe de 10 % (composé à la fois de participants atteints de cancer et de participants non atteints de cancer) présente un effet significatif sur la perception de la douleur (15-22)
    • En cas de cancer avancé, certaines études montrent une réduction de la douleur (9, 10), bien qu’il soit parfois difficile de distinguer l’effet des dérivés du cannabis de celui du traitement du cancer (12)

Le cannabis pourrait être en mesure de réduire la douleur chez un petit groupe de patients (1 sur 10) et pourrait donc être proposé comme traitement d’essai, en plus du traitement standard de la douleur.

Certaines études bibliographiques ont également montré une très légère amélioration des problèmes de sommeil chez les personnes atteintes ou non d’un cancer (21, 26) (27). Cependant, la plupart des études étant de faible qualité, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour confirmer ces résultats.

Atténuer les effets secondaires des traitements contre le cancer

Selon certaines études limitées, le cannabis pourrait avoir un effet atténuant sur les effets secondaires des traitements anticancéreux, tels que les nausées et les vomissements.

    • Plusieurs revues systématiques de la littérature scientifique montrent que les patients prenant des médicaments dérivés du cannabis souffrent moins de nausées et de vomissements causés par la chimiothérapie. Toutefois, ces résultats sont similaires à ceux des antiémétiques classiques (28-30)
        • Les différences ne sont pas statistiquement significatives et des effets secondaires tels que des vertiges, une sédation (somnolence) et une dysphorie (humeur morose) ont été signalés
        • De nombreuses personnes ont donc cessé de consommer du cannabis
        • Par conséquent, le cannabis n’est pas proposé comme traitement de première intention des nausées et vomissements causés par la chimiothérapie. Il est proposé lorsque les médicaments conventionnels ne donnent pas de résultats
    • Il n’y a pas suffisamment de preuves pour recommander le cannabis afin d’améliorer le goût ou le poids des patients atteints de cancer (31).
        • Dans une étude d’intervention et une revue de la littérature, les dérivés du cannabis n’ont eu aucun effet sur la perte de poids liée au cancer (Strasser, Luftner et al. 2006, Razmovski-Naumovski, Luckett et al. 2022)
        • Ce qui est particulièrement frappant, c’est que ces petites études donnent souvent des résultats différents. Par exemple, une petite étude portant sur un certain type de cancer du cerveau (gliome) a constaté une amélioration du sommeil, du bien-être fonctionnel et de la qualité de vie (Schloss, Lacey et al 2021). Une autre étude a révélé une amélioration de l’appétit (32). Toutefois, ces résultats doivent être confirmés par des études de plus grande ampleur
    • (31)(32) En soins palliatifs, les dérivés du cannabis amélioreraient la perception de la douleur, le sommeil, la fatigue, les nausées et l’appétit, selon une revue de la littérature
        • Là encore, des recherches supplémentaires sont nécessaires car, comme dans beaucoup d’autres études mentionnées, différentes formes de cannabis ont été utilisées
        • Cela rend les comparaisons difficiles (36)

Prévention du cancer

L’utilisation du cannabis ne joue aucun rôle dans la prévention du cancer.

Cela s’explique par :

    • Le manque de recherche scientifique
    • Les effets secondaires potentiels associés à une utilisation prolongée

Effets secondaires et sécurité

Effets secondaires

De nombreux effets secondaires sont décrits pour le cannabis. Ils sont souvent liés au dosage. Dans les études sur l’utilisation du cannabis à des fins médicales, où le dosage est contrôlé et la qualité du cannabis connue, on observe peu d’effets secondaires. L’effet secondaire le plus fréquemment observé avec le cannabis à usage médical est le vertige.

Nous décrivons ci-dessous certains effets secondaires observés chez des personnes qui consomment du cannabis à des fins récréatives, où les quantités sont plus importantes qu’à des fins médicales. Théoriquement, ces effets secondaires pourraient également se produire lors d’un usage médical, mais cela n’a pas encore été établi par des études.

Les effets secondaires possibles sont les suivants :

    • vertiges, sécheresse de la bouche, nausées, fatigue, somnolence, euphorie, vomissements, désorientation, confusion, sautes d’humeur, perte d’équilibre et hallucinations (28)
    • bronchite chronique et cancer du poumon après avoir fumé du cannabis (37)
    • l’inhalation est associée à certaines maladies cardiaques (38), (39), (40)
    • perturbation des fonctions cérébrales (41)

Les principaux effets secondaires de la consommation de cannabis à long terme sont l’accoutumance, en particulier chez les jeunes (42-44) ainsi que les symptômes de sevrage tels que l’anxiété et les troubles du sommeil (45). En outre, il existe un risque d’apparition de faux souvenirs (46).

Les molécules de cannabis chimiquement contrefaites peuvent être dangereuses car elles sont généralement beaucoup plus puissantes que les cannabinoïdes naturels. Elles peuvent provoquer des effets secondaires tels que l’hypertension artérielle, des palpitations, des crises d’angoisse et des troubles de la mémoire (47).

L’utilisation du cannabis n’est pas recommandée dans les cas suivants :

    • les troubles psychiatriques
    • les maladies cardiovasculaires
    • les problèmes rénaux et hépatiques
    • la grossesse
    • l’allaitement
    • la procréation

En outre, il convient d’être prudent lors de l’utilisation chez les enfants et les adolescents en raison des effets incertains sur le développement intellectuel du cerveau. La consommation de dérivés du cannabis peut également affecter l’aptitude à la conduite. Il n’est pas certain que ce soit aussi le cas pour les médicaments prescrits par un médecin.

Interactions avec les traitements contre le cancer

Des études isolées et non contrôlées montrent que les dérivés du cannabis combinés à l’immunothérapie pourraient conduire à une réponse moins efficace pour le mélanome, le cancer du poumon et le cancer du rein (12). Néanmoins, il y a généralement peu d’interactions à craindre, même avec du thé au cannabis ou des cigarettes de cannabis 3 fois par jour.

Autres interactions

Les dérivés du cannabis peuvent affecter l’enzyme cytochrome P450, tout comme la glycoprotéine P, importantes dans le métabolisme des médicaments (48-50). Lorsque l’on consomme des dérivés du cannabis, moins d’enzymes sont disponibles pour traiter le médicament. En théorie, cela pourrait avoir deux conséquences : une efficacité réduite des médicaments et/ou une toxicité accrue (empoisonnement) (51, 52)

En dehors des traitements anticancéreux, un certain nombre d’autres interactions ont été décrites, telles que :

    • entre la warfarine (anticoagulant) et les dérivés du cannabis, qui peuvent affecter la coagulation sanguine (52-54)
    • des troubles de l’humeur ont été observés lors de l’utilisation de dérivés du cannabis en association avec la fluoxétine (antidépresseur) et le disulfirame (55-57)
    • l’association avec les amphétamines, la cocaïne, l’atropine et les sympathomimétiques peut entraîner une augmentation de la pression artérielle (hypertension) et des palpitations (58, 59)
    • d’autres interactions entre les dérivés du cannabis et les sédatifs, les hypnotiques, les benzodiazépines, la buprénorphine et le citalopram/escitalopram ont également été relevées dans la littérature scientifique (48, 49, 60-62)

Bases de données consultées :

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  2. Memorial Sloan-Kettering Cancer Center (MSKCC), Verenigde Staten. www.mskcc.org/cancer-care/diagnosis-treatment/symptom-management/integrative-medicine/herbs/search 

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