Prof. Ilaria Elia

Prof. Ilaria Elia

De l’espoir pour les personnes atteintes d’un mélanome métastatique

Chaque année, quelque 4 000 personnes en Belgique apprennent qu’elles ont contracté un mélanome. Ce cancer agressif de la peau est le sixième cancer le plus fréquent chez les hommes et le quatrième chez les femmes. Si le mélanome est dépisté et traité à un stade précoce, les chances de guérison sont très élevées. Mais si le cancer s’est déjà propagé à d’autres organes, le patient devra affronter un parcours long et difficile, dont l’issue est incertaine. Une découverte récente, financée par la Fondation contre le Cancer, leur apporte toutefois de l’espoir. Interview avec la Prof. Ilaria Elia, du Département de médecine cellulaire et moléculaire, KU Leuven.

Prof Ilaria Elia, quel est l’objectif de vos recherches ?

« Nous cherchons à mieux armer le système immunitaire contre le cancer, ce qui pourrait rendre l’immunothérapie plus efficace, non seulement dans le cas du mélanome, mais aussi pour d’autres types de cancer. »

Sur quoi vous concentrez-vous ?

« Nous voulons comprendre comment les cellules cancéreuses et les cellules immunitaires interagissent par le biais de leur métabolisme. Tout comme notre corps a besoin de nourriture et d’énergie pour fonctionner, les cellules cancéreuses et les cellules immunitaires ont besoin de nutriments. À l’intérieur de la tumeur, les unes et les autres sont donc en concurrence pour les mêmes ressources, et cette bataille est susceptible d’affecter la capacité du système immunitaire à réagir efficacement face au cancer. »

Les cellules cancéreuses ont-elles un grand besoin d’énergie ?

« Oui, elles ont besoin de beaucoup d’énergie pour croître, se défendre et former des métastases. À cette fin, elles absorbent de grandes quantités de nutriments, très souvent des substances dont les cellules immunitaires ont également besoin pour assumer leur propre rôle. Une fois que les cellules cancéreuses ont disparu avec ces nutriments, ce qui est souvent le cas, les cellules immunitaires sont affamées et n’ont plus la force de combattre le cancer. Les cellules cancéreuses sont même capables de modifier leur métabolisme pour absorber davantage de certaines substances, afin d’avoir encore plus de ‘carburant’. »

D’où votre choix de vous concentrer sur le mélanome.

« Le mélanome est un sujet d’étude idéal pour les chercheurs désireux de rendre l’immunothérapie plus efficace. Notre système immunitaire est normalement capable de détruire les cellules cancéreuses du mélanome, mais il n’y parvient pas au niveau des métastases. En d’autres termes, l’immunothérapie – le traitement qui utilise notre propre système immunitaire pour tuer les cellules cancéreuses – fonctionne bien dans le cas du mélanome, mais échoue lorsqu’il s’agit d’un mélanome métastatique. Pour quelle raison ? C’est cela qui est intéressant. Nous cherchons à la fois une explication et une solution. »

Prof Ilaria Elia, où en êtes-vous dans vos recherches ? Qu’avez-vous déjà découvert ?

« Nous avons découvert que les cellules cancéreuses agressives, telles que les cellules du mélanome, utilisent l’acide aminé proline pour échapper au système immunitaire. Nous pensons que le blocage de la production de proline pourrait rendre les cellules immunitaires plus puissantes et réduire la propagation des cellules cancéreuses. Si d’autres recherches confirment cette hypothèse, la voie est ouverte pour augmenter l’efficacité de l’immunothérapie dans le cas du mélanome métastatique. »

Quelle est l’importance du soutien de la Fondation contre le Cancer pour vos recherches ?

« Sans le soutien de la Fondation contre le Cancer, nos recherches n’existeraient pas. Ce n’est pas seulement vrai pour notre projet. C’est grâce à un financement continu que, de manière générale, les chercheurs sont en mesure de mieux comprendre le cancer, de mettre au point de nouvelles thérapies et de créer un avenir où davantage de personnes survivront au cancer. »