De la rémission à la guérison

De la rémission à la guérison

À la fin des années 1950, un peu plus de 3 personnes atteintes d’un cancer sur 10 étaient encore en vie 5 ans après le diagnostic de la maladie. Aujourd’hui, c’est le cas pour près de 7 personnes sur 10 ! D’énormes progrès ont été réalisés dans le dépistage et le traitement du cancer, ce qui est très encourageant. Mais l’incertitude quant à l’existence ou non d’un traitement curatif efficace pour un patient particulier est un problème difficile à résoudre. Cette page vise à vous éclairer, autant que possible, sur le processus de guérison.

Définitivement guéri ?

RÉMISSION PARTIELLE ET COMPLÈTE

Au cours de votre traitement, vous pouvez ressentir une amélioration temporaire de votre état. La médecine qualifie cette période de « rémission« .

    • Si seulement certains signes de la maladie disparaissent, on parle de « rémission partielle« .
    • Lorsqu’il n’y a plus de traces de cancer après un examen, les médecins parlent de « rémission complète« . Malheureusement, cela n’équivaut pas automatiquement à une « guérison définitive« .
    • Il se peut que certaines cellules tumorales aient survécu au traitement mais qu’elles soient encore trop petites pour être détectées. La maladie peut donc réapparaître.

TAUX DE GUÉRISON VS TAUX DE SURVIE

En raison de la difficulté à déterminer le moment où une personne atteinte de cancer est véritablement guérie, les médecins préfèrent utiliser le terme « taux de survie » plutôt que « taux de guérison ». Vos chances de survie sont déterminées par plusieurs facteurs tels que le type de cancer, le stade de la maladie, le traitement, la réponse à celui-ci, ainsi que votre état général de santé.

A noter : les taux de survie communiqués de manière générale sont des résultats statistiques calculés à partir des données de grands groupes de patients. Il s’agit donc de moyennes. Le taux de survie individuel donné par l’oncologue peut varier considérablement d’une personne à l’autre.

SURVIVRE À 5 ANS

Compte tenu de la difficulté des prévisions, quand est-on déclaré “guéri” ? Il est généralement admis que l’on peut être considéré comme “guéri” s’il n’y a plus de traces de la maladie 5 ans après le diagnostic du cancer. Cette période de « survie » de 5 ans est un indicateur symbolique. En réalité, on peut être « réellement » guéri avant 5 ans et, malheureusement, la maladie peut aussi réapparaître après 5 ans.

Alors, pourquoi cette période de 5 ans ? La science préfère prendre une marge suffisante avant de parler de guérison définitive. En effet, si vous tournez la page trop rapidement et que vous faites face à une rechute, cela peut être très difficile à surmonter psychologiquement. D’un autre côté, si la période était trop longue, les patients vivraient dans la crainte et l’incertitude pendant une durée excessive. C’est pourquoi, la période de rémission a été établie à 5 ans. Quoi qu’il en soit, le pronostic de survie s’améliore de plus en plus à mesure que “les années sans trace de cancer” passent.

Réapparition de la maladie

Même après un traitement réussi, il existe un risque de réapparition de la maladie. C’est pourquoi vous devez vous soumettre à des contrôles réguliers au cours des premières années. Si la maladie revient, on dit, dans le langage courant, que vous faites une « rechute ». Il faut toutefois faire la distinction entre rechute et récidive.

Si le cancer réapparaît, il peut le faire de plusieurs manières :

    • Un nouveau cancer peut apparaître dans un organe où une tumeur maligne s’est déjà développée. C’est ce qu’on appelle une récidive.
    • Votre cancer d’origine (également appelé cancer primaire ou premier cancer) réapparaît après une période de rémission complète (au cours de laquelle les traces du cancer semblent avoir disparu pendant une longue période). On parle alors de rechute.

Il existe 3 types de rechute :

    • une rechute locale. Il s’agit de la réapparition du premier cancer à l’endroit où il est apparu.
    • une rechute régionale. Le cancer initial réapparaît dans les ganglions lymphatiques qui drainent le premier organe touché.
    • une rechute à distance. Le cancer initial réapparaît dans un autre organe.

La rechute régionale ainsi que la rechute à distance impliquent que des cellules se sont échappées de la tumeur d’origine pour aller coloniser des ganglions lymphatiques et d’autres organes. On parle alors de métastases.

Le saviez-vous ?

C’est toujours le cancer d’origine qui détermine le traitement à suivre. Cela peut parfois prêter à confusion. Par exemple, un cancer de la prostate qui s’est propagé aux os n’a rien à voir avec un cancer des os. En effet, le cancer des os prend naissance dans les cellules osseuses, et non dans les cellules de la prostate.

Peut-on guérir du cancer ?

Oui, c’est possible. Plus de 7 personnes sur 10 sont encore en vie 5 ans après le diagnostic de la maladie. Peut-on guérir de tous les cancers ? La réponse est plus nuancée. Tout dépend du type de tumeur dont vous êtes atteint, du stade auquel elle a été détectée et de la façon dont vous réagissez personnellement au traitement….

La médecine considère que vous êtes un ex-patient lorsqu’une tumeur a été complètement détruite. Comme cela n’est pas toujours facile à déterminer, les médecins préfèrent parler de « taux de survie » plutôt que de « taux de guérison ». Ils diront par exemple : « vous avez 90 % de chances de survivre à un cancer du sein » plutôt que « vous avez 90 % de chances de guérir d’un cancer du sein ».

Plus largement, on peut considérer que la guérison consiste à se rétablir physiquement, mais aussi psychologiquement. Vous êtes guéri lorsque vous avez retrouvé votre santé ainsi que votre équilibre mental. Vous sentez que vous pouvez faire, à nouveau, confiance à votre corps et l’apprécier, même s’il a beaucoup changé suite à la maladie. Vous avez non seulement « survécu » physiquement, mais vous êtes également en train de « revivre ».

Comment gérer au mieux la période qui précède la guérison ?

Tant que vous êtes dans le parcours médical, le mieux est de “faire confiance et vivre avec”. Il faut apprendre à gérer les effets secondaires des traitements et supporter l’anxiété qui va souvent avec l’attente des résultats des examens… Lorsque le traitement semble fonctionner et que vous vous sentez mieux, il est possible de ne pas vraiment y croire, comme si c’était irréel. Des questions comme : “puis-je vraiment espérer une guérison définitive ?” ou “est-ce que la maladie va revenir ?” tournent en boucle dans la tête. Cette période d’incertitude n’est pas facile à vivre.

Les façons de réagir varient en fonction du tempérament et de l’histoire de chacun. Certaines personnes veulent garder le contrôle en prenant des précautions excessives qui les empêchent de profiter de la vie ; d’autres font fi de toute prudence et vivent leur vie plus intensément que jamais auparavant. Il s’agit de réactions différentes à une même situation inconfortable : celle d’être “en rémission”, sans avoir été déclaré définitivement guéri. Dans la rubrique Le diagnostic, vous découvrirez comment partager cette incertitude avec vos proches ou un professionnel de la santé. Il est important de ne pas rester seul avec cette anxiété. Parler permet d’affronter ses peurs pour reprendre confiance en soi.

 

Pourquoi certaines personnes sont-elles atteintes de plusieurs cancers différents ?

Certains facteurs de risque sont liés au mode de vie. Par exemple, le tabagisme et le surpoids, augmentent le risque de cancer. L’impact négatif de ces facteurs n’est pas limité à un organe spécifique, mais peut se manifester à plusieurs endroits. Par exemple, le tabac peut provoquer des lésions au niveau de la bouche, des poumons et d’autres organes. Un cancer du poumon peut donc être suivi ou précédé par un cancer de la bouche ou d’autres cancers liés au tabagisme.

Pourquoi le même cancer réapparaît-il parfois ?

Un cancer initial (également appelé cancer primaire ou premier cancer) peut réapparaître après une période de rémission complète au cours de laquelle les marqueurs du cancer semblent avoir disparu. Cela s’explique par le fait que toutes les cellules cancéreuses n’avaient pas été détruites par les traitements. On parle alors de rechute.

Le diagnostic de « rechute précoce » est posé si celle-ci a lieu quelques mois ou quelques années (<5ans) après le traitement. Les cellules cancéreuses se sont alors multipliées de manière incontrôlée. Il arrive cependant que le diagnostic de rechute soit posé tardivement, jusqu’à 20 ans après le diagnostic initial. Cette « rechute tardive » est due au fait que certaines cellules cancéreuses sont restées latentes (dormantes) pendant de nombreuses années et étaient trop petites pour être détectées.

Toutes les cellules cancéreuses peuvent-elles former des métastases ?

Non, certainement pas. Bien que de nombreuses cellules cancéreuses quittent la tumeur d’origine, ce n’est qu’exceptionnellement qu’elles parviennent à « s’enraciner ». Cela peut se produire dans les ganglions lymphatiques qui drainent l’organe initialement touché (= rechute régionale) ou dans un autre organe (= rechute à distance). Les scientifiques pensent que le tissu hôte influe sur la localisation et le taux de métastases. Des recherches sont actuellement en cours pour étudier l’interaction entre le tissu hôte potentiel et les cellules cancéreuses « itinérantes ». Sur la base de ces résultats, de nouveaux traitements pourraient être mis au point pour empêcher les métastases de se développer ou de s’imbriquer dans les autres.

Les métastases ont-elles toutes la même gravité ?

Non. La gravité des métastases dépend du type de cancer, de leur localisation et de leur sensibilité aux traitements.

Peut-on réduire le risque de réapparition du cancer ?

La chimiothérapie, la radiothérapie, l’hormonothérapie ou les traitements ciblés tentent de réduire le risque de réapparition de la maladie. Un mode de vie sain consistant à ne pas fumer et à privilégier une alimentation équilibrée avec peu d’alcool et beaucoup d’exercice physique, peut contribuer, dans une certaine mesure, à prévenir la réapparition de la maladie.

Que faire si vous n'avez aucune chance de guérison définitive ?

Les traitements curatifs visent à vous guérir définitivement. S’il n’y a aucune chance de guérison, vous recevrez un traitement palliatif. Ce traitement a pour but de vous donner la meilleure qualité de vie possible et de prolonger votre espérance de vie au maximum, même si vous ne pouvez pas guérir. On associe souvent palliatif à « terminal », mais certains cancers sont chroniques. On ne peut pas en guérir, mais on n’en meurt pas forcément. Dans ce cas, on peut aussi parler de « traitement chronique ».

Si les médecins estiment qu’il ne vous reste plus que quelques mois à vivre, vous recevrez des soins palliatifs. Ces soins permettent de soulager votre douleur et de vous donner la meilleure qualité de vie possible jusqu’à la fin. Les soins palliatifs visent également à vous donner le temps de régler ce qui vous tient à cœur, de parler à vos proches et de faire les choses que vous voulez encore faire avant de partir.

Dans la rubrique « Lorsque la guérison n’est pas possible », vous pourrez en savoir plus sur les traitements palliatifs et les soins palliatifs.