La Fondation contre le Cancer demande une réduction drastique du nombre d’arômes autorisés
La Fondation contre le Cancer publie les résultats de sa nouvelle enquête portant sur l’e-cigarette. Cette enquête mesure l’attitude et le comportement liés à l’utilisation de l’e-cigarette chez les jeunes belges et leur entourage (parents ou personnel scolaire).
Avec la prolifération de nouvelles e-cigarettes sur le marché belge, la Fondation contre le Cancer souhaitait avoir une meilleure connaissance sur leur utilisation chez les jeunes. L’enquête montre que les jeunes de 15 à 20 ans ont un rapport différent à l’e-cigarette que leurs ainés. Alors que pour les plus de 20 ans, l’e-cigarette est plutôt utilisée comme aide au sevrage, pour les 15-20 ans, c’est une activité en soi. Pour plus de 6 jeunes sur 10, les parents ne sont pas au courant de leur utilisation. Les arômes jouent un rôle important dans l’attractivité des e-cigarettes, plus encore que la nicotine. La Fondation contre le Cancer demande donc au ministre de la santé de commencer à réduire drastiquement le nombre d’arômes autorisés et de mettre en place le plus rapidement possible une interdiction d’exposition des produits du tabac dans les points de vente.
Le sujet de l’e-cigarette et les jeunes fait l’objet d’une grande couverture médiatique. Selon l’étude ESPAD, 40% des élèves de 16 ans expérimentaient l’e-cigarette en 2019, allant de 18% en Serbie à 65% en Lituanie. Il faudra attendre le rapport international des études HBSC pour pouvoir estimer comment la Belgique se positionne par rapport aux autres pays de l’UE.
“A priori, nous ne nous en sortons pas trop mal par rapport à d’autres pays (cf. rapport HBSC 2022), car en Belgique nous avons déjà mis en place de nombreuses mesures de protection, telles que l’interdiction de vente pour les moins de 18 ans, l’interdiction de la publicité et l’interdiction du vapotage dans les endroits où il est également interdit de fumer” se réjouit Suzanne Gabriels, expert tabac à la Fondation contre le Cancer, qui ajoute « mais il y a encore du chemin à faire ! »
Afin de mieux cerner les connaissances, les comportements et les opinions sur l’e-cigarette, tant chez les jeunes que chez leurs parents et le personnel éducatif, la Fondation contre le Cancer a donc commandé l’été dernier une étude réalisée sur un panel de quelque 2000 personnes au bureau d’études Indiville. Cette enquête en ligne s’est concentrée sur trois groupes :
- Les jeunes de 15 à 20 ans
- Le personnel pédagogique (enseignants, coordinateurs de soins, direction, etc.)
- Les parents d’enfants âgés de 12 à 20 ans vivant avec eux
Les grandes tendances qui se dégagent de l’enquête
L’e-cigarette fait partie du quotidien des 15-20 ans
35 % d’entre eux ont déjà utilisé l’e-cigarette, 32 % l’ont fait au cours de l’année écoulée et 16 % déclarent l’utiliser actuellement. 61 % de ces jeunes ont un ou plusieurs amis qui en consomment et 59 % connaissent une personne de moins de 16 ans qui vapote.
Les jeunes ont un rapport différent avec l’e-cigarette que les plus âgés
33% des jeunes de 15 à 20 ans qui fument disent avoir déjà utilisé l’e-cigarette. Parmi les répondants plus âgés, ce chiffre n’est que de 4 %.
Pour les plus de 20 ans, le vapotage a été un moyen d’arrêter de fumer pour près de 9 personnes sur 10 (88 %). Chez les jeunes de 15 à 20 ans, ce chiffre n’est que de 1 sur 5 (20 %), ce qui indique que pour les 15-20 ans, le vapotage est une pratique en soi.
Les arômes jouent un rôle majeur dans l’attrait de l’e-cigarette
Chez les utilisateurs d’e-cigarettes, l’arôme est un élément déterminant : les goûts alléchants pour 37 % et la découverte de nouveaux arômes à chaque fois pour 15 %. Or, 69 % des enseignants et 76 % des parents d’enfants âgés de 12 à 20 ans pensent que les arômes de e-cigarette qui attirent les jeunes devraient être interdits.
Les autres motivations importantes sont la recherche du soulagement du stress (36 %) et la détente (34 %). Toutefois, la Fondation contre le Cancer tient à souligner qu’en cas de dépendance (et la nicotine est la mère des dépendances), on devient de plus en plus stressé. Il est donc important que les jeunes puissent trouver d’autres moyens de gérer leur stress ou leur anxiété.
Le fait que l’e-cigarette soit moins nocive que la cigarette traditionnelle est une raison de consommation pour 27% de ses utilisateurs.
Outre les questions relatives à la consommation, cette étude a également sondé la volonté d’essayer quand même la e-cigarette. Parmi les jeunes (15-20 ans) qui n’ont pas l’intention d’essayer une e-cigarette jetable, 43 % disent qu’ils la trouvent polluante et 34 % ne veulent pas commencer une habitude coûteuse. Le fait que les e-cigarettes jetables ne soient pas durables et nuisent à l’environnement est une raison pour 24 % d’entre eux de s’en abstenir.
Les amis sont au courant, mais les parents le sont moins
Chez les jeunes (15-20 ans), ce sont surtout les amis qui sont au courant de l’utilisation de l’e-cigarette (88 %). Pour plus de 6 jeunes sur 10 (62 %), les parents ne sont pas au courant. Et seulement 1 élève utilisateur sur 10 (12 %) déclare que ses professeurs sont au courant. Les e-cigarettes jetables attirent les jeunes (15-20 ans) en raison de leur facilité d’utilisation (40-44 %), de leur prix (35 %) et de la possibilité de les dissimuler (33 %).
Différents canaux de vente
Les jeunes (15-20 ans) achètent l’e-cigarette jetable principalement (50%) dans des magasins ouverts la nuit (night shops et stations-service), suivis par les vape shops (19%), les magasins de journaux (15%), les supermarchés (4%) ou en ligne (3%).
Les recommandations politiques de la Fondation contre le Cancer
- La Fondation contre le Cancer soutient pleinement l’interdiction des e-cigarettes jetables et félicite notre ministre de la Santé d’avoir été le premier ministre de l’UE à soumettre une telle interdiction à la Commission de l’UE pour qu’elle se prononce en la matière.
- La Fondation contre le Cancer demande depuis longtemps que l’on s’attaque à la vente de produits du tabac dans les night shops. La fermeture des points de vente est politiquement très sensible et le processus est très lent. Il est donc très important pour nous d’établir rapidement une interdiction de l’exposition dans les points de vente afin de limiter les achats impulsifs, en particulier pendant la nuit.
- Étant donné que les arômes constituent un attrait considérable pour l’utilisation (future) de l’e-cigarette, nous demandons au ministre d’user de son pouvoir à cet égard et de réduire drastiquement le nombre d’arômes autorisés.
- Un plan anti-tabac très solide est sur la table depuis décembre 2022. Nous demandons de ne plus tarder et de mettre en œuvre les mesures prévues, de préférence le plus tôt possible.