Les filtres à cigarettes polluent et ne réduisent pas les risques pour les fumeurs

Les filtres à cigarettes polluent et ne réduisent pas les risques pour les fumeurs

Comme le soulignait déjà le Conseil Supérieur de la Santé en 2023 (plus d’infos), les filtres à cigarette n’atténuent en rien les effets nocifs du tabac sur la santé. Du point de vue de la santé publique, ils ne présentent donc aucun bénéfice, et constituent en outre une source majeure de pollution environnementale.

Le Conseil recommandait une interdiction généralisée des filtres, tant au niveau national qu’international. Cette position est pleinement partagée par la Fondation contre le Cancer, qui l’intègre dans sa stratégie globale de lutte contre le tabagisme. La Fondation contre le Cancer demande à nos politiciens un engagement accru en faveur de la prévention et du sevrage tabagique, et cela tant pour diminuer le tabagisme et donc protéger la santé publique que pour préserver l’environnement. Elle plaide également pour une approche où le principe du pollueur-payeur s’applique strictement à l’industrie du tabac, tout en excluant toute forme d’ingérence dans les campagnes ou les solutions de ramassage.

Ce 5 août, des organisations de santé et de défense de l’environnement appellent à l’action pour encourager l’ONU à interdire les filtres à cigarettes

En ce mois d’août 2025, des gouvernements du monde entier se retrouvent à Genève pour négocier un nouveau traité international contre la pollution plastique, lors de la deuxième session du cinquième cycle de négociations (INC-5.2). Après des discussions difficiles à Busan en novembre 2024, cette session devrait aboutir à un texte final. Parmi les sources de pollution abordées, les mégots de cigarettes représentent un problème majeur souvent négligé. Des organisations de la société civile appellent à une interdiction mondiale de ces filtres toxiques.

Chaque année, on estime que 4,5 billions de mégots de cigarettes sont jetés négligemment dans le monde. Malgré leur petite taille, leur impact environnemental est énorme. Ils sont composés d’acétate de cellulose, un plastique qui se dégrade lentement en microplastiques nocifs. Les mégots contiennent également plus de 7 000 substances chimiques – dont de la nicotine et des métaux lourds toxiques – qui peuvent contaminer les sols et les cours d’eau, menaçant les écosystèmes et la faune.

Le leurre des filtres : ils ne bloquent pas les substances nocives et sont dangereux pour la santé

Les filtres ont été introduits dans les années 1950 par l’industrie du tabac pour apaiser les craintes du public liées au cancer du poumon. Or, non seulement ils ne protègent pas du cancer, mais ils causent également des dommages environnementaux. Les experts avertissent que les filtres procurent un faux sentiment de sécurité. En réalité, le filtre bloque une partie des particules de suie et de nicotine, mais la modification du mode de combustion augmente la formation d’importantes substances cancérigènes. Les fumeurs inhalent également plus fréquemment et/ou plus profondément pour compenser la réduction de l’apport en nicotine liée à la présence du filtre. Au lieu de protéger contre le cancer du poumon, les filtres ont surtout favorisé, au fil des années, un changement de type de cancer du poumon.

Au-delà de son accompagnement au sevrage tabagique, notamment via le service Tabacstop et des initiatives comme Buddy Deal, la Fondation contre le Cancer joue un rôle essentiel de plaidoyer, en Belgique comme à l’international. Elle œuvre activement pour la dénormalisation du tabac et la mise en place de mesures de protection des jeunes, notamment à travers sa participation à l’Alliance pour une Société sans Tabac et à l’initiative Générations sans Tabac. Le soutien à une interdiction des filtres à cigarettes s’inscrit naturellement dans cet engagement.

Le monde négocie – les filtres ne doivent pas être oubliés

Alors que les pays se réunissent à l’ONU à Genève du 5 au 14 août pour finaliser le traité mondial sur les plastiques, les filtres de cigarettes en plastique doivent être explicitement pris en compte. Ne pas les inclure reviendrait à ignorer l’un des plastiques à usage unique les plus répandus.

Pas de fausses solutions : interdire tous les types de filtres

Le projet de traité vise à éliminer les plastiques à usage unique. Pour de nombreux produits comme les pailles ou les sacs, des alternatives durables existent déjà. Mais pour les filtres à cigarettes, il n’en existe aucune. L’industrie du tabac promeut aujourd’hui des “filtres écologiques” ou “mégots verts” en papier ou en fibres végétales, présentés comme biodégradables. Ces produits sont trompeurs : ils continuent de libérer du goudron, de la nicotine et des métaux lourds dans l’environnement, et ne se décomposent souvent que dans des conditions de compostage industriel – rarement présentes dans la nature. Ces tactiques de « green washing » ne doivent pas duper les négociateurs : la Fondation contre le Cancer et les autres organisations insistent pour que le traité interdise tous les types de filtres à cigarettes, pas seulement ceux en plastique.

Alignement avec la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT)

Les mégots sont les déchets les plus jetés au monde. Tout traité mondial sur les plastiques doit être aligné avec la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte anti-tabac (CCLAT), qui appelle explicitement à agir sur les impacts environnementaux des produits du tabac et à se protéger de l’ingérence de l’industrie. Les filtres à cigarettes ne doivent pas être traités comme de simples déchets : ce sont des composants des produits du tabac aux risques environnementaux et sanitaires avérés.

Les décideurs doivent agir – Quatre demandes clés

La Fondation contre le Cancer se joint à un grand nombre d’organisations pour demander des engagements fermes lors de l’INC-5.2, notamment :

  1. Interdiction mondiale de tous les filtres : Tous les filtres à cigarettes, y compris les versions dites “écologiques” ou biodégradables, doivent être interdits par le traité
  2. Principe du pollueur-payeur : Les fabricants de tabac doivent être tenus responsables financièrement de la pollution due aux filtres et des coûts de nettoyage et d’élimination.
  3. Zéro « green washing » : Le traité doit faire explicitement référence à la CCLAT, rejeter toute influence de l’industrie et garantir la cohérence entre les politiques environnementales et de santé publique.
  4. Sensibilisation indépendante et mise en œuvre : Les gouvernements doivent lancer des campagnes d’information sans l’influence de l’industrie et mettre en place des systèmes obligatoires de collecte et d’élimination des déchets liés au tabac.