Professeure Agnès Noël

Professeure Agnès Noël

Une solution en vue grâce à un projet de recherche

Chaque année, plus de 76 500 personnes en Belgique font face à un diagnostic de cancer et, dans une majorité de cas, les métastases sont à l’origine des décès. Grâce au soutien de la Fondation contre le Cancer, la professeure Agnès Noël étudie le microenvironnement de la tumeur et la propagation des cellules cancéreuses par le système lymphatique afin de comprendre comment les métastases apparaissent et comment elles pourraient être stoppées. Ses recherches sont suivies dans le monde entier.

Il arrive que les cellules cancéreuses voyagent dans l’organisme par la circulation sanguine ou le système lymphatique dans le but de former une nouvelle tumeur à un autre endroit, mais on ignore encore précisément pourquoi certaines cellules créent des métastases et d’autres non. Les travaux de la professeure Noël et de son équipe apportent l’espoir d’une avancée scientifique majeure.

Sur quoi portent vos recherches ?

« Nous étudions les différentes étapes de la dissémination cancéreuse par voie lymphatique, en nous concentrant sur les interactions entre cellules cancéreuses et cellules saines. Nous travaillons sur des échantillons de patients atteints de cancers du sein, de la peau (mélanome), ou du col de l’utérus car ces types de cancer ont généralement tendance à se propager d’abord dans les ganglions lymphatiques. »

« Entre 80 et 90 % des décès liés au cancer sont provoqués par les métastases. Plus nous élargirons nos connaissances à propos des métastases, plus les traitements s’amélioreront et plus nous sauverons des vies. »
Professeure Agnès Noël, GIGA, ULiège

Les ganglions lymphatiques seraient donc un lieu propice pour les cellules cancéreuses ?

« En fait, non. Les ganglions lymphatiques contiennent un grand nombre de cellules immunitaires, ils sont pauvres en oxygène et en glucose. La majorité des cellules cancéreuses y périssent, mais – et c’est un phénomène particulièrement intéressant pour les chercheurs – certaines parviennent malgré tout à survivre, à se renforcer et même à développer une résistance aux traitements. »

Comment est-ce possible ?

« Les cellules tumorales interagissent avec les cellules non tumorales pour tenter de faire de leur nouvel environnement un lieu propice à leur développement. Nous avons découvert qu’elles envoient, bien avant leur arrivée, des signaux aux ganglions lymphatiques pour les préparer : ces ganglions sont conditionnés avant même que la première cellule cancéreuse ne parvienne jusqu’à eux. »

Vous avez aussi fait une découverte importante concernant certaines graisses toxiques.

« Les cellules tumorales ont besoin de glucose, mais en trouvent peu dans le système lymphatique. En revanche, les lipides y sont relativement abondants. Elles adaptent donc leur métabolisme et se servent de ces graisses pour envahir les ganglions, mais aussi se développer, devenir plus agressives et se propager davantage », souligne Agnès Noël. « Toutefois, nous avons aussi découvert l’existence de graisses toxiques, mortelles pour les cellules cancéreuses ! »

Le fait que les cellules cancéreuses soient capables de se protéger contre ces graisses mortelles constitue toutefois un problème.

« En effet. C’est pourquoi nous étudions comment supprimer cette « protection lipidique » afin que les cellules tumorales ne puissent plus survivre à l’exposition aux graisses toxiques. Si nous y parvenons, nous solutionnerons l’un des plus grands défis de la médecine moderne et nous pourrons sauver de très nombreuses vies. »

En quoi le soutien de la Fondation contre le Cancer est-il important pour votre projet de recherche ?

« Ce soutien est fondamental. Nous innovons, nous cherchons de nouvelles solutions. Il s’agit de recherches expérimentales, qui nécessitent beaucoup de temps, mais aussi des plateformes technologiques avancées et des outils analytiques spécialisés coûteux. Ce n’est qu’en investissant aujourd’hui dans la recherche sur le cancer que de nouveaux traitements seront possibles demain. Nous sommes extrêmement reconnaissants vis-à-vis des personnes qui font avancer la recherche sur le cancer. »