À l’occasion du mois de sensibilisation aux cancers masculins (Movember), la Fondation contre le Cancer tire la sonnette d’alarme sur un cancer rare mais qui peut devenir très agressif : le cancer du pénis. Ce cancer reste entouré de silence et de tabous, ce qui retarde le diagnostic et augmente les risques pour les patients.
Le cancer du pénis en Belgique en quelques chiffres
En Belgique, 133 nouveaux diagnostics de cancer du pénis ont été enregistrés en 2023 selon le Registre du Cancer. Entre 2004 et 2023, le nombre de cas a augmenté d’environ 1,66 % par an. En 2022, 28 décès ont été recensés. L’âge moyen au moment du diagnostic de 71 ans sur la période de 2019 à 2023. Le taux de survie à 5 ans atteint 70,2 %, indiquant l’importance de la détection précoce. Au cours des 5 dernières années, 414 hommes ont été diagnostiqués atteints par ce cancer.
« Le cancer du pénis est très dangereux. Si des métastases ganglionnaires sont déjà largement présentes au moment du diagnostic, le taux de survie à cinq ans peut tomber à 35%, et en présence de métastases dans d’autres organes, la survie à 5 ans est quasi inexistante. Cela le rend beaucoup plus agressif que de nombreux autres cancers », explique Pr Maarten Albersen, urologue-oncologue à l’UZ Leuven.m a new paragraph block.
Informer et briser les tabous pour une prise en charge plus rapide
Le cancer du pénis est souvent diagnostiqué tardivement, notamment en raison de la gêne ou du silence entourant les symptômes génitaux. Pourtant, une détection précoce et une prise en charge rapide permettent souvent un traitement efficace.
« Le tabou autour des cancers masculins, en particulier ceux touchant les organes génitaux, retarde parfois la consultation », souligne le Dr Veronique Le Ray, directrice médicale de la Fondation contre le Cancer. Pourtant, « en parler, s’informer et prévenir, c’est déjà se protéger. » Il est important que les professionnels de santé puissent poser ce diagnostic dès l’apparition des symptômes mais parce qu’il est très rare, ils passent bien souvent à côté. De nombreux patients ont déjà subi des traitements pour des infections bénignes avant que le cancer ne soit détecté. « Or, dès qu’un cancer du pénis est suspecté, il est crucial que le patient soit orienté vers un centre de référence. La détection précoce permet un taux de survie bien meilleur si le cancer n’a pas encore formé de métastases ».
Un cancer rare mais évitable dans la moitié des cas
Le cancer du pénis reste une maladie encore très taboue, dont environ la moitié des cas sont liés à une infection chronique par le papillomavirus humain (HPV) (https://cancer.be/prevention/vaccination/ ). Ce virus, déjà bien connu pour son rôle dans le développement du cancer du col de l’utérus, est également impliqué dans un cas de cancer du pénis sur deux. Lorsqu’elle devient chronique, l’infection peut entraîner des lésions persistantes susceptibles d’évoluer en tumeur, parfois plusieurs décennies plus tard. Pour réduire le risque de ce cancer chez les générations futures, la Fondation contre le Cancer recommande donc aux parents d’adhérer aux programmes de vaccination gratuite contre le HPV proposés également aux garçons.
La Fondation contre le Cancer rappelle qu’en Belgique, la vaccination gratuite proposée aux filles et aux garçons jusqu’à 19 ans constitue un outil de prévention essentiel contre plusieurs cancers associés à ce virus : pénis, anus, gorge, vulve ou col de l’utérus.
Impact psychologique
Le cancer du pénis, a des répercussions importantes sur la vie des personnes touchées. Au-delà des conséquences physiques comme les troubles urinaires, les changements d’apparence ou de sensation et le lymphœdème, ce cancer entraîne aussi un fort impact psychologique, marqué par l’anxiété, la dépression et la stigmatisation. Les difficultés relationnelles et sexuelles sont fréquentes, tout comme la demande de suivi avec un psychologue ou un sexologue. Une information claire sur la prise en charge est nécessaire. Un accompagnement global et multidisciplinaire est donc essentiel pour répondre aux besoins persistants des patients.
Josef Mombers(*), diagnostiqué à 57 ans témoigne pour briser le tabou : « J’avais remarqué une petite plaie sur mon pénis, mais j’ai hésité à consulter, pensant que ça passerait tout seul. Quand on m’a finalement diagnostiqué un cancer lié au HPV, il était déjà à un stade avancé. L’opération a été lourde, et la vie après le cancer a changé radicalement mon intimité, mon couple et ma confiance en moi. Aujourd’hui, je veux dire aux hommes : ne vous voilez pas la face. Si quelque chose vous semble anormal, consultez immédiatement. Cela peut faire la différence et vous sauver la vie. » (*) nom d’emprunt
Principaux facteurs de risque
Outre l’infection chronique par le HPV, plusieurs éléments peuvent augmenter le risque de développer un cancer du pénis. Dans l’ordre de fréquence, on parle de :
• Phimosis (rétrécissement de l’extrémité du prépuce) et inflammation chronique du gland
• Lichen scléreux, maladie dermatologique chronique
• Tabagisme
• Antécédents d’infections ou de lésions génitales
• Exposition à certaines photothérapies UVA
Ces facteurs peuvent favoriser l’apparition de lésions précancéreuses et, à long terme, de cancers progressivement invasifs.
Quelques mesures simples pour réduire le risque :
• La vaccination HPV pour les garçons et filles jusqu’à 19 ans (gratuite en Belgique)
• Prise en charge rapide des inflammations ou phimosis
• Hygiène intime régulière
• Ne pas fumer /Arrêter de fumer
Un investissement collectif pour la santé publique
“Informer et prévenir, c’est investir ensemble dans la santé publique. Et la Fondation contre le Cancer soutient également des projets de recherche prometteurs sur les cancers liés au HPV afin d’offrir de meilleures chances de guérison et d’augmenter les taux de survie et la qualité de vie”. Dr Veronique Le Ray, directeur médical et scientifique de la Fondation contre le Cancer.
Des symptômes à surveiller !
En cas de modifications de la peau du pénis (épaississement, plaie qui ne guérit pas, verrue, changement de couleur) ou pour tout autre symptôme au niveau du pénis : un saignement, un écoulement malodorant, un gonflement de l’extrémité, une masse dans le pli de l’aine, une douleur ou une démangeaison … Consultez votre médecin traitant ou urologue sans plus attendre !
Et pour toute question sur le cancer, contactez Cancerinfo 080015801