Cancer du sein : une maladie différente chez les femmes plus jeunes

Cancer du sein : une maladie différente chez les femmes plus jeunes

En Belgique, un nombre croissant de jeunes femmes, souvent en pleine vie active ou en début de maternité, sont confrontées à un diagnostic de cancer du sein. Pourtant, à l’heure actuelle, les campagnes de sensibilisation et les programmes de dépistage s’adressent majoritairement aux femmes de plus de 50 ans, et ne tiennent pas compte des jeunes femmes pré-ménopausées. Or, de jeunes patientes rapportent des retards de diagnostic liés à un manque de sensibilisation, y compris chez certains professionnels de santé.

A l’occasion d’octobre rose, la Fondation contre le Cancer rappelle qu’il est crucial de tenir compte des femmes plus jeunes pour la sensibilisation, et l’importance de l’autopalpation afin de pouvoir prendre en charge des cancers du sein à un stade précoce, d’autant plus que le dépistage systématique n’est organisé que pour les plus de 50 ans. Elle insiste aussi sur l’importance de soutenir une recherche ambitieuse, ciblée et innovante, pour ce cancer qui occupe la première place chez les femmes, tous âges confondus, et d’inciter à une participation accrue aux dépistages systématiques proposés aux femmes à partir de 50 ans.

Des chiffres qui interpellent chez les plus jeunes femmes

Selon les derniers chiffres du Registre du Cancer en Belgique :
• Entre 2018 et 2022, 2,3 % des cas de cancer du sein concernaient des femmes âgées de 15 à 35 ans, soit environ 253 nouveaux cas chaque année chez les jeunes femmes.
• Le cancer du sein est la première cause de cancer chez les femmes de 16 à 35 ans, représentant un diagnostic sur quatre dans cette tranche d’âge.
• Ce cancer est souvent diagnostiqué à un stade plus avancé : seulement 25 % des cas chez les jeunes sont détectés au stade I, contre 44 % chez les femmes de 36 ans et plus.

Une maladie différente chez les femmes pré-ménopausées

Les cancers du sein chez les femmes pré-ménopausées sont biologiquement et cliniquement différents de ceux des femmes plus âgées:
• Les tumeurs plus difficiles à traiter : les jeunes femmes présentent plus souvent des formes triple négatives ou HER2+, associées à un grade plus élevé, un stade plus avancé et un pronostic moins favorable.
• Il y a davantage de mutations génétiques, notamment les mutations BRCA1 et/ou BRCA2, fréquentes chez les femmes de moins de 40 ans.
• On trouve des caractéristiques moléculaires distinctes : moins de récepteurs hormonaux, plus de gènes associés à la prolifération cellulaire et une signature immunitaire plus marquée.
Or, malgré ces différences, le traitement reste souvent calqué sur celui des femmes plus âgées, sans prise en compte suffisante de la biologie spécifique, ni des impacts psychosociaux chez des patientes parfois très jeunes.

Un message d’espoir

Mais une bonne nouvelle : malgré un diagnostic souvent plus tardif, les chances de survie ont progressé :
• Le taux de survie à 5 ans des jeunes femmes est passé de 87 % (2005-2010) à 93 % (2017-2022).
• 15 ans après le diagnostic, 80 % des jeunes patientes sont toujours en vie.
Cependant, ces chiffres ne doivent pas masquer une réalité. Chaque année en Belgique, environ 12 jeunes femmes décèdent encore du cancer du sein.

La Fondation contre le Cancer soutient des projets prometteurs

Pour répondre à cette réalité, la Fondation contre le Cancer s’investit pleinement. En soutenant des équipes de recherche de pointe en Belgique, elle vise une meilleure compréhension des spécificités du cancer du sein chez les femmes, ainsi que le développement de nouvelles approches thérapeutiques.

Parmi les projets soutenus :

Buisseret Laurence (Institut Jules Bordet) – Projet Neo-CheckRay

L’immunothérapie, qui stimule les défenses naturelles du patient, a déjà permis des avancées majeures contre certains cancers. Dans le cancer du sein de type Luminal, diagnostiqué à un stade précoce, elle améliore les résultats de la chimiothérapie, mais seulement pour une partie des patientes. L’équipe de la prof. Laurence Buisseret mène l’étude clinique Neo-CheckRay, qui combine immunothérapie, chimiothérapie et radiothérapie, tout en bloquant certains mécanismes d’immunosuppression exercés par la tumeur. Grâce à des technologies de pointe, ce projet permettra de mieux comprendre comment ces traitements agissent et d’identifier les femmes qui pourraient en bénéficier. Ces recherches ouvrent aussi la voie à de nouvelles stratégies d’immunothérapie encore plus efficaces à l’avenir.

Scheele Colinda (KU Leuven) – Deconstructing the dynamic interplay between mutant cells and their environment as a driver of mammary tumor

Des cellules mutantes apparaissent souvent dans nos tissus, mais seules certaines évoluent en cancer. Dans le cas du sein, les recherches de l’équipe du prof. Colinda montrent que seuls quelques clones mutants deviennent des tumeurs, tandis que la majorité d’entre eux restent inoffensifs. Le but est de comprendre pourquoi, et surtout comment ces cellules mutantes influencent leur environnement sain. Ce dialogue entre cellules pourrait jouer un rôle clé dans l’apparition d’un cancer. Mieux le comprendre ouvrira la voie à une détection plus précoce et à de nouvelles stratégies de prévention.

Pour que chaque femme, quel que soit son âge, ait les meilleures chances face au cancer du sein, il est essentiel de continuer à soutenir une recherche ambitieuse et innovante : et c’est ensemble, grâce à la générosité de tous, que nous pourrons transformer l’espoir en victoire.” Dr. Veronique Le Ray.