Notre société évolue de plus en plus vers un monde sans tabac et sans vapotage — et c’est une excellente nouvelle. Les enfants et les jeunes ont le droit de grandir dans un environnement sain, sans fumée. C’est pourquoi l’Alliance pour une Société sans Tabac estime qu’il est temps, 14 ans après l’interdiction de fumer à l’intérieur des établissements horeca, d’étendre cette mesure aux terrasses. Dans une société où ne pas fumer devient la norme, c’est une suite logique et nécessaire !
Cela semble impensable aujourd’hui, mais il fut un temps où l’on pouvait encore fumer dans les trains ou sur son lieu de travail. En 2004, la SNCB a joué un rôle de pionnier dans la réduction du tabagisme dans notre société en rendant tous ses trains non-fumeurs. Depuis le 1er janvier 2006, tous les travailleurs de notre pays ont eu également droit à un lieu de travail sans fumée.
L’interdiction de fumer dans le secteur horeca est plus récente. Le 1er juillet 2011, tous les établissements de restauration belges sont devenus entièrement non-fumeurs.
Depuis, de nombreux espaces sans fumée ont vu le jour, y compris en plein air : quais de gare, écoles, parcs zoologiques, aires de jeux, installations sportives, etc. Ces avancées sont essentielles — et pourtant insuffisantes. Le tabagisme continue d’entrainer chaque année près de 9 000 décès dans notre pays. Nous ne voulons pas de ce fléau pour nos enfants.
Voir fumer incite à fumer
Chaque nouvelle interdiction a suscité des craintes : trop contraignante, impossible à faire respecter… Et pourtant, la réalité a systématiquement prouvé le contraire. Les environnements sans tabac sont aujourd’hui bien respectés à quelques exceptions près. Usagers comme exploitants en tirent un bilan positif.
Certains opposants brandissent pourtant l’argument de la « liberté individuelle ». Mais que vaut cette liberté quand elle nuit à la santé des autres, en particulier des plus jeunes ? Si nous voulons que la prochaine génération grandisse sans fumer, nous devons aller plus loin pour dénormaliser le tabagisme. Plus il y aura d’espaces sans tabac et plus la norme sera de ne pas fumer, mieux nous pourrons protéger les enfants et les jeunes. Car moins la fumée est visible, moins elle est perçue comme « normale » ou acceptable.
Faire disparaître le tabac et la fumée des terrasses, c’est un signal social fort : ne fumez plus dans l’environnement de nos enfants. Les terrasses sans fumée contribuent indéniablement à une génération sans fumée.
L’exemple suédois : une norme sociale en mutation
On entend parfois dire qu’interdire de fumer sur les terrasses est inutile, car les fumeurs se déplaceront simplement un peu plus loin, et il n’y aura pas de dénormalisation. Mais l’expérience de la Suède prouve le contraire. Depuis 2019, toutes les terrasses des établissements horeca y sont non-fumeurs — et cela fonctionne. Pourquoi ? Parce que cette séparation physique et sociale entre la cigarette et les moments de convivialité modifie progressivement les comportements et les normes. Le fumeur doit « s’éloigner » de la table, au sens propre comme au sens figuré, ce qui supprime le comportement tabagique du cadre social.
De l’exception à la norme
Contrairement aux Pays-Bas, où de plus en plus d’établissements horeca choisissent volontairement d’avoir leurs terrasses non-fumeurs – déjà plus de 500 l’été dernier -, les terrasses non-fumeurs restent des exceptions en Belgique. De nombreux exploitants craignent de perdre des clients au profit des établissements qui autorisent encore de fumer sur leurs terrasses. Or, ce risque disparaîtrait si une législation uniforme s’appliquait à tous.
Mieux encore : les établissements attireront peut-être même de nouveaux clients. Ceux qui restent aujourd’hui à l’écart pour éviter de s’exposer à la fumée. En Belgique, la grande majorité des non-fumeurs, soit plus de 80% de la population de plus de 15 ans, soutient les terrasses sans tabac. Près d’un fumeur sur trois s’y déclare également favorable, notamment parce qu’une telle mesure pourrait les aider à arrêter. Quant aux anciens fumeurs, ils sont tout aussi convaincus, car pour eux, les terrasses non-fumeurs réduisent le risque de retomber dans leur ancienne addiction.
Une décision pour l’avenir
Si nos décideurs veulent atteindre l’objectif d’une génération sans tabac d’ici 2040, le moment est venu de franchir cette nouvelle étape importante. Ce n’est pas de l’ingérence. C’est une mesure de protection. Pour nos poumons, et notre santé, bien sûr, mais avant tout pour l’avenir et la santé de nos enfants.
Cet avenir sera sans tabac ni fumée. Alors, ne laissons pas les terrasses à la traîne !
Alliance pour une Société sans Tabac, Danielle van Kalmthout
Fondation contre le Cancer, Suzanne Gabriëls
Kom op tegen Kanker, Veerle Maes
Ligue Cardiologique Belge, Rik Vanhoof
Fonds des affections respiratoires (FARES), Elise Willame
Observatoire de la Santé du Hainaut, Sophie Pierard
Service d’Étude et de Prévention du Tabagisme (SEPT), Céline Corman
Diabetes Liga, Arnout Wouters
Vlaams Instituut Gezond Leven, Stefaan Hendrickx
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