Avec le soutien de la Fondation contre le Cancer, le Dr Jingjing Zhu mène des recherches sur une immunothérapie plus « universelle » dans son laboratoire de l’Institut de Duve à Bruxelles. Elle engrange d’excellents résultats. A ce jour, l’immunothérapie fonctionne dans certains cas et pas dans d’autres. La chercheuse ambitionne de parvenir à un traitement qui fonctionne chez plus de patients, et pour davantage de types de cancer. Interview.
Pourquoi l’immunothérapie fonctionne-t-elle dans certains cas et pas dans d’autres ?
Nous l’ignorons encore. Les mécanismes utilisés par les cellules cancéreuses pour déjouer notre système immunitaire sont extrêmement complexes. Et notre système immunitaire lui-même est complexe.
Dans quels types de cancer l’immunothérapie est-elle utilisée aujourd’hui ?
Elle fait déjà partie du traitement du mélanome, des cancers du rein, de la vessie, du poumon non à petites cellules, de certains cancers de la tête et du cou, du lymphome de Hodgkin et de certaines formes de leucémie.
Vous rêvez d’une immunothérapie plus « universelle » ?
Oui, c’est mon rêve et aussi mon objectif. Je cherche à comprendre pourquoi certains cancers ne répondent pas bien à l’immunothérapie et comment nous pouvons améliorer cela. Je veux parvenir à un traitement qui fonctionne chez plus de patients, et pour plus de types de cancer.
Quels résultats avez-vous déjà obtenu grâce à vos recherches ?
Nous avons identifié un récepteur particulier comme nouvelle cible thérapeutique et montré que nous pouvions inhiber, voire arrêter la croissance tumorale en modulant l’activité de ce récepteur. Nous obtenons déjà d’excellents résultats dans le cancer du pancréas, le mélanome, les cancers du poumon, du sein et du côlon, le myélome, le lymphome et le fibrosarcome.
Comment aller plus loin ?
Nous commençons à développer et à tester des médicaments d’immunothérapie. Comme pour la recherche, il s’agit d’un long processus, mais l’essentiel est que nous progressions.
Quelle est l’importance du soutien financier dans ce domaine ?
Nous ne pouvons progresser qu’en nous appuyant sur des soutiens extérieurs. Nous sommes très heureux que certains patients nous fassent don de leurs tissus cancéreux pour que nous puissions les étudier, mais aussi que certaines personnes soutiennent notre projet par l’intermédiaire d’organisations telles que la Fondation contre le Cancer. Un appui financier est indispensable pour que nous puissions nous consacrer pleinement à ces recherches et progresser de façon radicale.
Pensez-vous que ces avancées sont pour bientôt ?
Nous n’avons jamais été aussi proches de solutions révolutionnaires. Il reste encore de nombreux défis à relever, mais si nous pouvons continuer, nous réaliserons des percées spectaculaires qui changeront à jamais notre façon d’appréhender le cancer.
Pourquoi avoir personnellement choisi la recherche sur le cancer ?
Ce qui a certainement joué un rôle, c’est que ma grand-mère est décédée d’un cancer du foie lorsque j’avais 14 ans. J’étais à ses côtés pendant les derniers mois de sa vie. J’ai ressenti son désespoir et j’ai vu la douleur qu’elle éprouvait à cause du cancer et des traitements. C’est à ce moment-là que j’ai compris que la maladie pouvait toucher n’importe qui. Et qu’il est important d’améliorer les traitements pour que toutes les personnes atteintes d’un cancer augmentent leurs chances de survie et aient une meilleure qualité de vie.