Rémission et guérison

Rémission et guérison

Dans les années 1950, un peu plus de 3 personnes sur 10 atteintes de cancer étaient encore en vie cinq ans après le diagnostic. Aujourd’hui, ce chiffre atteint presque 7 sur 10 ! En ce qui concerne les AJA (Adolescents et Jeunes Adultes), les chances de survie après cinq ans sont même légèrement supérieures à la moyenne, avec un taux de 85 %. C’est une avancée incroyable et pleine d’espoir !

Mais attention : être guéri ne signifie pas que le cancer ne laisse pas de traces psychologiques ou physiques…

Sur cette page dédiée aux AJA, nous allons t’en dire plus sur l’aspect psychologique du processus de guérison. Tu y apprendras ce que signifie être « en rémission », ce que ça peut provoquer en toi, et comment retrouver petit à petit une vie « normale ».

Si tu recherches plutôt une explication médicale claire sur le processus de guérison, nous t’invitons à consulter la page « De la rémission à la guérison » dédiée aux adultes. Tu y trouveras des réponses à des questions telles que : La maladie peut-elle revenir après une rémission, et si oui, comment et quand ? Quelle est la différence entre une récidive et une rechute ? Est-il possible de réduire le risque de retour du cancer ?

RÉMISSION vs GUÉRISON ?

Après un traitement réussi, tu peux ressentir une nette amélioration de ton état. Les médecins appellent ce sentiment de mieux-être la « rémission ». Est-ce que ça signifie que tu es définitivement guéri ? Difficile à dire. Le fait qu’aucune trace de cancer ne soit détectée pourrait aussi vouloir dire que certaines cellules tumorales ont survécu au traitement, mais qu’elles sont encore trop petites pour être repérées.

Les médecins te considèrent comme guéri uniquement si aucune trace de la maladie n’est retrouvée cinq ans après le diagnostic. Cependant, ce délai de cinq ans est surtout symbolique. En réalité, tu peux être « réellement » guéri plus tôt et la maladie pourrait aussi revenir après cette période.

Pourquoi alors cette convention de cinq ans ? La science préfère prendre une marge raisonnable pour parler de guérison définitive. Si on tourne la page trop vite et qu’il y a une rechute, le choc peut être difficile à encaisser. Mais si la marge est trop longue, les patients risquent de vivre trop longtemps dans l’angoisse et l’incertitude. D’où ce compromis : cinq ans. Avant cette période, les médecins parlent de « rémission ».

TU ES EN RÉMISSION. COMMENT REPRENDRE LE COURS DE TA VIE ?

Pendant ton parcours médical, tu as probablement eu l’impression de ne plus vraiment avoir le contrôle sur ta vie. Entre les traitements, les effets secondaires à gérer et l’attente angoissante des résultats, tout semble dicté par la maladie. Alors, quand le traitement commence à fonctionner et que tu te sens mieux, ça peut paraître irréel.

Pas de panique : c’est tout à fait normal que toi et ton entourage ayez besoin de temps pour apprivoiser cette « nouvelle normalité ». Traverser le cancer est un processus qui continue souvent, même après en avoir terminé physiquement avec la maladie.

Alors, comment reprendre doucement le cours de ta vie ? Voici quelques idées à explorer – sans pression, bien sûr ! Il n’y a aucune obligation.

  1. DONNE DU SENS À CE QUE TU AS VÉCU

La période de rémission est souvent le bon moment pour prendre le temps de réfléchir à l’impact du cancer sur ta vie. Cette introspection peut t’apporter beaucoup. De nombreuses personnes en profitent pour se demander pourquoi ça leur est arrivé et ce qu’elles souhaitent en retirer pour l’avenir. Peut-être que tu as décidé d’en finir avec le “bullshit” des apparences et que tu veux être, le plus possible, honnête avec toi-même pour profiter pleinement de la vie ? Peut-être accordes-tu moins d’importance à l’avis des autres ? Peut-être ressens-tu plus d’amour et de respect pour ton corps, malgré ses imperfections ? Tu te sens reconnaissant qu’il soit en bonne santé.

Échanger avec d’autres personnes ayant traversé cette épreuve peut être une source précieuse d’inspiration. Comment ont-elles réinventé leur vie après le cancer ? Quels choix les ont aidées à avancer ? Tu peux aussi prendre un moment pour écrire ce qui compte vraiment pour toi : quels sont tes objectifs, qu’ils soient à court ou à long terme ? Est-ce qu’une nouvelle carrière te tente ? As-tu envie d’intégrer de nouvelles habitudes à ton quotidien ? (Si tu n’as pas encore toutes les réponses, rassure-toi, c’est parfaitement normal).

  1. ACCORDE-TOI LE TEMPS QU’IL TE FAUT

Faire comme si le cancer n’avait jamais existé et reconstruire ta vie exactement comme avant ? Peu de personnes y parviennent. Parfois, ce n’est tout simplement pas possible : 3 AJA sur 4 ressentent une fatigue persistante bien après le traitement, 1 sur 2 fait face à des troubles cognitifs pendant un certain temps, et 1 sur 3 souffre de douleurs ou de neuropathie, comme des picotements dans les mains et les pieds. Même si tu ne ressens plus aucun symptôme physique, il y a un « avant » et un « après » cancer.

Ton entourage, bien intentionné mais parfois maladroit, peut te lancer des phrases comme : « Allez, le plus dur est derrière toi, passe à autre chose ! » Parce que tu n’as plus l’air malade, ils pensent que tu devrais te sentir heureux et soulagé. Si tu te sens sous pression, explique-leur que tourner la page prend du temps, même après la fin des traitements. C’est à toi, et seulement à toi, de décider comment avancer et à quel rythme.

Si tu t’inquiètes du temps qu’il faut pour aller mieux, ne garde pas ça pour toi. Parles-en avec des professionnels de santé. Ils sont là pour t’écouter et t’accompagner dans ce processus.

  1. LAISSE AUSSI DU TEMPS AUX AUTRES

Pour ton entourage proche, ce n’est pas forcément évident de te voir reprendre progressivement le cours de ta vie. Ta famille ou ton/ta partenaire ont peut-être joué un rôle plus important qu’avant dans ton quotidien, en prenant soin de toi pendant ta maladie. Maintenant que tu retrouves ton autonomie, chacun doit s’adapter à ce nouvel équilibre. C’est peut-être difficile, par exemple, pour tes parents qui ont du mal à « te laisser partir » à nouveau. Prenez le temps de discuter ensemble pour réajuster cette dynamique.

Tes amitiés, elles aussi, peuvent avoir changé. Même si tu n’es plus malade, certains amis peuvent se sentir mal à l’aise à cause de ton passé médical. De ton côté, tu peux ressentir un décalage : peut-être as-tu l’impression d’avoir manqué trop d’événements et de ne plus partager autant d’histoires avec eux. Ton expérience bouleversante peut aussi faire en sorte que les « petits problèmes » de tes amis te paraissent moins importants qu’avant.

Pourtant, passer plus de temps ensemble peut être la clé. Créez de nouveaux souvenirs, apprenez à vous habituer ensemble à ce « toi » qui n’est plus malade. Mais, si une amitié reste compliquée ou inconfortable, accepte que certaines relations évoluent ou s’effacent. Les amis vont et viennent au cours d’une vie. Même si c’est parfois douloureux, ne te force jamais à maintenir une relation qui ne te convient plus.

TU ES EN RÉMISSION, MAIS PAS ENCORE GUÉRI. COMMENT GÉRER L’INCERTITUDE ?

La rémission est-elle le signe d’une guérison définitive, ou seulement une pause avant un éventuel retour de la maladie ? Cette incertitude peut être difficile à vivre. Chaque jour qui passe réduit le risque de récidive, mais même avec une probabilité de 99 % de guérison selon ton médecin, il est parfois impossible d’ignorer ce 1 % restant.

Chacun réagit différemment à l’incertitude. Certains cherchent à tout contrôler, multipliant les précautions au point de ne plus profiter de la vie. D’autres adoptent une attitude insouciante, oubliant toute prudence. Ces réactions, bien que contraires, reflètent la même difficulté : vivre dans un entre-deux, en rémission, mais sans la certitude d’être définitivement guéri.

Pour mieux gérer cette situation, échanger avec d’autres personnes ayant traversé cette étape peut t’apporter des clés précieuses. Tester des techniques de relaxation peut également t’aider à retrouver de la sérénité. Si l’angoisse persiste, n’hésite pas à consulter un professionnel qui t’apprendra à gérer tes peurs et tes incertitudes.

TU ES EN RÉMISSION. ET SI LE CANCER REVENAIT ?

L’annonce d’une récidive peut être dévastatrice, te donnant l’impression que tout ce que tu as traversé jusqu’ici n’a servi à rien. C’est profondément injuste. Il est probable que les émotions ressenties lors du premier diagnostic refassent surface de manière encore plus intense. C’est tout à fait normal. Accorde-toi le temps et l’espace pour digérer cette nouvelle difficile, et n’hésite pas à demander du soutien autour de toi, encore une fois.

Surtout, garde en tête que la récidive n’est jamais de ta faute ! Elle peut avoir de nombreuses causes, mais aucune n’est liée à quelque chose que tu aurais fait ou pas. Si le cancer revient, ton médecin t’accompagnera pour explorer les nouvelles options de traitement possibles. La recherche médicale avance sans relâche, et les traitements d’aujourd’hui sont souvent plus efficaces et mieux adaptées que lors de ton premier diagnostic. Pose toutes les questions qui te préoccupent : c’est ton droit et ça peut t’aider à mieux comprendre pour te sentir plus en contrôle face à cette nouvelle épreuve.

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